Je te raconte l’histoire de la majorité de mes clientes, j’étais moi-même comme ca :
Ma cliente va vouloir aider tout le monde même si personne ne lui a demandé
Ma cliente va toujours être la pour les autres, mais jamais pour elle!
Elle va chercher à tout prix à Résoudre le problème de tout le monde (comme si c’était de sa responsabilité)!
Elle va culpabiliser si l’autre se sent mal et va tout faire pour le rendre heureux ou apaiser son agacement!
Elle va être sur tous les fronts et va toujours être la quand il y a une urgence (tu sais la personne qu’on appelle quand il y a un problème, et parfois jamais quand tout va bien)
Elle va faire bien plus que ce qu’on lui demande ou ce qu’elle est capable de faire. Toujours plus et sans même s’en rendre compte. Son corps physique lui enverra plein de signaux, son corps dira non alors qu’elle-même n’ose pas dire non.
Elle va être la thérapeute de son mari, de ses proches, elle va être en couple avec une personne dépressive ou avec un passif très compliqué (elle va comme ca se sentir utile)
Ma cliente va donner, donner, donner et ne jamais recevoir autant. Inconsciemment elle espère peut être que les personnes lui donnent autant mais que nenni. Elle continue alors de donner encore plus (pensant qu’elle fait mal les choses ou pas suffisamment) et elle en paie le prix de différentes manières : sautes d’humeur, colère, burn out, anxiété, émotions incontrôlables etc…
Ma cliente est l’archétype du syndrome du sauveur : Celui qui veut sauver les autres à ces propres dépends et ne s’en rend même pas compte.. Si tu es thérapeute, assistante sociale, infirmière, médecin tu te reconnais peut-être un peu dans cette description. Le sauveur va chercher à sauver l’autre , coute que coute et ca va lui couter un jour ou l’autre. Le sauveur ne va souvent même pas se rendre compte de ce sentiment limite d’urgence qui va le pousser à agir.
Quand je reçois une personne avec ces caractéristiques-là, je vais toujours chercher avec elle, non seulement l’origine de ce syndrome (qui remonte souvent à l’enfance), mais faire amener à sa conscience aussi que son envie de sauver n’est pas de la simple gentillesse désintéressée. Tout cela est très inconscient bien sur. Qui cherche-t-elle à sauver réellement ? Qu’est ce qui se passe derrière cette envie impérieuse d’aider ?
Est-ce que la personne aide pour inconsciemment se faire aider elle-même ? Aide-telle pour espèrer secrétement que quelqu’un vienne au secours de la partie blessée, souffrante en elle ? Aide-t-elle pour cicatriser le manque d’amour et le manque d’aide qu’elle n’a elle-même pas recu enfant ? Par exemple un avocat qui a subi des abus enfant, fera peut être du pénal pour défendre les enfants victimes d’abus. Une personne neuro atypique ayant vécu de l’humiliation enfant pourrait se retrouver à accompagner les élèves pour être cette figure d’adulte sécurisant, aimant et présent qu’elle n’a pas eu elle-même enfant…
Ou bien la personne aide parce qu'elle pense qu’elle ne peut pas être aimé si elle n’est pas utile. Ca va bien au dela de la simple croyance limitante. Être aimé pour son utilité, est parfois un mécanisme profondément engrammée dans la personne. J’ai souvent le cas de clients qui n’ont pas été désirés, qui viennent après des longues années d’attente, qui viennent après une fausse couche ou un avortement…Ils vont se plier en mille pour indirectement montrer aux parents qu’ils peuvent être aimés, que le parent a bien fait de garder l’enfant et cette enfant deviendra un adulte qui DOIT être utile ou sinon la peur de ne pas être aimé ou d’être rejté prendre bien trop de place. Peu importe ce que ca lui coute d’ailleurs, tant que la personne en face est contente, c’est la seule chpse qui importe. C’est parfois une question de vie ou de mort pour la personne. Si ma cliente sauveuse sent que l’autre personne la rejette (ou perçoit du rejet alors que ce n’est même aps la réalité), elle pourra avoir tendance à en faire trop pour être sure de garantir l’amour de la personne en face.
C’est super de vouloir aider l’autre, tout d’abord :
- N’oubliez pas le libre arbitre de l’autre : si la personne en face ne t’a pas demandé de l’aide, pourquoi venir en urgence la sauver ?
- Il n y as pas d’obligations même si tu fais une promesse. Tout comme un chirurgien, tu as une obligation de moyen -et encore si la personne le demande et que tu dis ok- et pas une obligation de résultats.
Pourquoi tu veux absolument résoudre les problèmes des autres ? Qu’est ce qui se cache derrière ? Pourquoi tu veux absolument que l’autre s’en sorte ? Qu’est ce que ca te fais de voir une personne que tu aimes ne pas vouloir être sauvée ?
Tu es par exemple un naturopathe, qui plus est hypersensible, et ton parent a des problèmes de santé et mange très mal. Tu as beau lui donner des conseils, lui montrer des études scientifiques, lui expliquer es choses, rien ne se passe. Ca a pour conséquence de déséquilibrer la relation , de créer des tensions, énormément de frustration, de colère et une difficulté à lâcher prise.
Qu’est ce que ca te fait qu’une personne que tu aimes ne t’écoute pas ? Ne souhaite pas aller mieux ? Qu’est ce que ca te fait que la personne prenne la responsabilité de ne pas être responsable ? De quoi tu te protéges vraiment en cherchant absolument à l’aider alors que lui ne veut pas ? Pourquoi est-ce important pour toi de contrôler ? Qu’est ce qui t’empêche de lâcher prise ?
Quelle partie en toi tu cherches à sauver au final ? Ou quelle partie de toi ne souhaites tu pas avoir et donc tu te focalises sur l’autre pour éviter de te regarder en face parceque ca te crée de l’inconfort. De quelle émotion désagréable tu souhaites te protéger ?
Je ne suis pas en train de dire qu’aider l’autre est mal, absolument pas. Au contraire, aider l’autre c’est être un humain bienveillant. Je te parle bien de l’aide en excès, toujours, sans qu’on me demande quoi que soit. Parfois même j’oblige les gens à les aider même s’ils ne veulent pas.
Je te propose juste de voir de quel espace ca part ? Et de te demander est ce que cela te coute ? Est-ce qu’il y a un sacrifice ? Est-ce qu’il y a une tentative quelconque d’esquiver ta propre guérison, ta propre ombre ?
Pourquoi est-ce que tu t’oublies dans l’histoire ? Pourquoi l’autre est plus important que toi ? Quel mécanisme de survie t’oblige à t’oublier, à à t’abandonner ? La partie de soi qui a envie d’être sauvée est très souvent l’enfant intérieur.
Un enfant est vulnérable, si aucun adulte n’est venu le secourir. Il s’est surement senti abandonné, pas aimé : je suis tellement nulle, que personne ne voit que j’existe, que tout le monde m’abandonne. Alors inconsciemment je vais m’abandonner moi-même petit à petit pour leur donner raison.
Parfois le syndrome du sauveur, va se manifester chez la mère qui étouffe ses enfants et qui par amour va au final causer du tort. Elle ne saura pas qui elle est en dehors de son rôle de mère ultra présente. Alors ma question c’est (et ca va au dela de la mère) : qui es-tu au dela de ton rôle de sauveur ? Qui es tu au dela de ton utilité pour les autres ? C’est une question qui peut sembler banale mais qui m’a fait bugué et qui fait souvent bugué mes clients. Qui ne t’as pas fait sentir important au delà de ce que tu lui as apporté ? Probablement un de tes parents quand tu étais enfant. Tu n’es pas le protagoniste de l’histoire parce que tu ne te sens pas vu, aimé à la maison alors tu endosses le masque du super héros…
Une autre dimension au syndrome du sauveur c’est la peur du vide, la peur du néant, voire même la peur de la mort. Si je reviens à l’exemple de ce parent qui est malade mais qui ne veut pas écouter tes conseils de naturopathe pour guérir, peut être que ca l’angoisse d’être confronté au néant. Mon parent ne m’écoute pas, je n’existe pas, le vide s’installe et je suis angoissé, voire même terrifié de devoir y faire face. Une personne qui n’a pas peur du vide, se détachera plus simplement…
Ce qui est fou c’est que souvent quand je travaille avec mes clients sur son syndrome la, souvent ils veulent changer de métier (l’infirmière qui ne veut plus l’être) ou font leur métier différemment. Parfois même quand mon client guéri, cela crée des tensions dans le couple. Le partenaire ayant lui-même un syndrome du sauveur, n’aura plus à sauver ma cliente/mon client guéri et ne saura plus comment se situer dans le couple.
Plus on avance, plus on guéri, plus les relations changent, se réajustent, s’équilibrent ou s’arrêtent.
Plus je chemine, plus j’ai une assise différente dans mon boulot et moins j’ai envie de sauver mes clients, même si j’ai une volonté profonde de les accompagner et de les voir s’épanouir.
Et toi alors?
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